Mettre Un Terme Au Credit Renouvelable

Mettre Un Terme Au Credit Renouvelable

Pour une réforme profonde du crédit à la consommation en France

Il est difficile de s'imaginer qu'un jour, nos sociétés occidentales seraient capables de s'émanciper totalement du système bancaire traditionnel. Logique, ce système est présenté comme le seul qui soit en mesure de garantir notre prospérité et, par corollaire, le bien-être de tous. Faire la chasse au crédit jusqu'à son fondement même, c'est faire la chasse à ce qui a donné la possibilité de faire sortir de terre un grand nombre de trésors de notre patrimoine, mais aussi à l'excellence de nos grandes industries qui se félicitent de figurer parmi les plus dynamiques en terme d'emplois. S'il n'est pas nécessaire de désavouer le fondement même de l'emprunt, la prolifération du prêt à la consommation et ses conséquences mortifères sur les ménages est cependant un phénomène beaucoup plus problématique.

En quoi le prêt renouvelable pose-t-il problème ?

Qu'il s'agisse d'un crédit hypothécaire pour l'achat d'une habitation ou d'un financement aux entreprises, certains types d'emprunts sont incontournables pour la concrétisation de projets importants. Le recours au crédit personnel est souvent indispensable lorsque l'épargne des ménages est insuffisant pour acheter une nouvelle auto ou pour des travaux de rénovation. En fait, le crédit est peu critiqué lorsqu'il fait naître un projet bien défini et qui soit utile à long terme pour un individu ou pour un groupe (mais seulement si le taux d'intérêt est raisonnable). Si le projet de l'emprunteur est sérieux et qu'il apporte en plus les éléments requis pour convaincre la banque, il ne devrait pas avoir de problèmes à obtenir son prêt. Le cas le plus délicat est celui des réserves d'argent (ou crédits renouvelables) dont la distribution fait encore grincer des dents les associations de défense des consommateurs. De par un taux d'intérêt astronomique et son principe de reconstitution de la réserve, le prêt renouvelable peut présenter des conséquences déplorables sur les finances d'une famille s'il n'est pas utilisé avec modération. Les emprunteurs en font généralement usage pour des achats dans les commerces grâce à une carte de crédit assortie, ou alors pour se constituer une réserve à utiliser en cas de coup dur. Le problème, c'est que l'utilisateur de la carte est parfois enclin à se servir de cette réserve comme s'il s'agissait ici de son propre argent pour finalement succomber à des achats futiles et à taux exorbitant. Si le gouvernement a légèrement encadré cette pratique avec les lois Hamon et Lagarde (sans trop de contraintes pour les organismes de crédit), c'est bien sur la voie de la suppression pure et simple que devront s'orienter les décideurs politiques à l'avenir.

Comme alternative, les organismes financiers devront adapter leurs offres en remplaçant le crédit revolving par un prêt personnel à taux moins excessif.

Soutenir le crédit en favorisant des modes de distribution parallèles

S'il y a disparition du crédit revolving, ce sont d'abord les grandes enseignes généralistes et spécialisées qui seront impactées. Ce type de crédit est en effet très utilisé pour acheter des biens d'équipement (électroménager, meubles, électronique...). Le soucis c'est que les organismes financiers pourraient décider de ne pas mettre à jour leur gamme de crédits, par exemple le fait de Comment remplacer le credit renouvelable ? la réserve d'argent par un prêt personnel de faible montant.
L’État devra donc trouver rapidement des alternatives.

Dans cette idée, il est possible d'imaginer que l’État accompagne des professionnels du monde de la distribution (grande, petite et en ligne) pour le développement d'un établissement de crédit sectoriel. Ce nouveau service serait soutenu par l’État et sa mission serait de proposer des solutions de crédit entre 500 et 2000 euros pour chaque client qui souhaiterait payer à crédit ses achats. La gestion pourrait être confiée à une entreprise nouvellement créée ou alors à une société spécialisée et les administrateurs décideraient eux-mêmes de la politique commerciale à suivre. Si le client voit sa demande de crédit validée, il pourra décider librement (sous conditions toutefois) le niveau de ses mensualités. Ainsi, ceux qui participeront à ce système posséderont leur propre appareil de financement.

Autre solution, permettre le développement du crédit entre particuliers en soutenant la création d'une plateforme nationale qui jouera les intermédiaires. Ainsi, les investisseurs particuliers viendraient financer les acheteurs et ceux-là rembourseraient normalement comme avec une banque. Si d'un point de vue technique, il n'est pas très compliqué de créer un tel site, le principal challenge serait de faire en sorte que les prêteurs s'inscrivent en masse et dans un court laps de temps pour pouvoir relancer le marché du crédit.


La dernière piste serait de réussir à convaincre la Banque Centrale Européenne d'injecter de l'argent directement dans les organismes de crédit qui appartiennent à l’État. L'argument avancé serait que les capitaux soient directement injectés dans l'économie réelle et non pas utilisés à des fins de spéculation boursière.